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Projet collectif : 10 clefs pour une gouvernance partagée et sereine !

Temps de lecture : 5 minutes

Article #42 – Source : Magazine LIBERA (23 mai 2021)

Si vous avez déjà expérimenté les difficultés d’un projet collectif (entreprise, association, SCOP, collectif citoyen…), vous savez que plusieurs paramètres peuvent le mettre à mal: organisation, conflits, temporalité…

Est-ce une fatalité ? Est-il impossible qu’un collectif perdure, malgré les bonnes volontés ?

C’est la question que nous, 7 femmes d’horizons variés, nous sommes posée, lors d’un weekend d’empowerment au beau milieu du magnifique Parc régional naturel des Ecrins durant l’été 2020.

Nos expériences dans divers collectifs nous ont amenées à réfléchir sur la complexité de la gouvernance. Pour nous aider dans nos réflexions, nous avons expérimenté un atelier d’intelligence collective basé sur les six chapeaux de De Bono

Nous avons identifié 10 clefs de réussite, pour qu’une gouvernance partagée soit sereine et joyeuse. Puissent-elles vous ouvrir la porte d’un collectif convivial, vivant et efficace !

Poser le cadre et la vision du collectif

Les premiers temps du collectif doivent servir à créer le “cadre” qui constituera un référentiel commun fondateur. Cette co-construction est essentielle, car ce référentiel est le pilier central auquel le collectif doit pouvoir se référer.

Cette feuille de route est précise mais pas nécessairement exhaustive, elle peut inclure :

  • l’utopie que le collectif souhaite atteindre ;
  • ses valeurs fondamentales (mode de communication, prise de décision, éthique…) ;
  • des solutions pour gérer les difficultés du collectif (exclusion, gestion des conflits,…) ;
  • et tout ce qui fait l’essence même du collectif !

Inscrire la lenteur dans l’ADN du collectif et de sa mission

Selon un proverbe africain, “tout seul on va plus vite, mais ensemble on va plus loin.”

Comme nous avons pu le vérifier au fil de nos expériences, un collectif peut mener à bien des projets ambitieux, et c’est bien ce qui est enthousiasmant !

Toutefois, le collectif s’accompagne d’une lenteur parfois frustrante. C’est une vérité qu’il faut accepter : construire une gouvernance partagée où chacun.e pourra s’épanouir nécessite de valoriser les temps informels. Ces temps de détente constituent des pré-requis pour consolider le collectif, même s’ils ne contribuent pas directement au projet.

La rapidité de l’action peut à terme engendrer le délitement du collectif voire sa disparition. Pour prendre soin du collectif, le temps long est une valeur qu’il est recommandé d’inscrire dans le cadre de référence.

Célébrer les succès pour activer le circuit de la récompense

Les temps de détente et de convivialité sont précieux pour tisser des liens plus forts et activer le fameux circuit de la récompense. Il est essentiel de célébrer les réussites, avant d’attaquer un nouveau projet/défi. Cela permet de consolider le collectif et de reprendre des forces !

Ces moments de célébration peuvent être grands ou petits, ce qui est important c’est qu’ils soient assez réguliers pour que le collectif soit un plaisir et non une corvée.

Prenons l’exemple avec les membres d’une association qui se réunissent en fin de journée pour traiter d’une thématique budgétaire : prévoir un apéritif partagé après chaque réunion permet, d’une part, de tenir le timing de la réunion, et, d’autre part, de déguster des mets délicieux dans la bonne humeur et la satisfaction d’avancer ensemble.

Inclure les nouveaux membres avec un temps d’accueil spécifique

Il est crucial que les nouvelles personnes se sentent accueillies, bienvenues, dès leur arrivée. Il est fréquent que les “ancien.ne.s” forment, à leur insu, un groupe fermé difficile à approcher.

Un temps d’accueil particulier, à prévoir régulièrement, est nécessaire pour transmettre à chaque nouvel.le arrivant.e le fonctionnement et la vision du collectif, et pour écouter et identifier les motivations de chaque nouveau.elle membre. Grâce à cet échange, chaque

nouveau.elle membre peut identifier facilement et rapidement ce qu’il.elle souhaite apporter au collectif et inversement, ce qui facilite grandement son passage à l’action !

Un document de synthèse présentant les éléments clés est un outil intéressant, mais rien ne remplace un rendez-vous avec un.e parrain/marraine pour une intégration réussie et conviviale ! Ces deux éléments nous semblent complémentaires et consolident le collectif en prenant soin de chacun.e.

Prendre le temps de libérer la créativité et les envies

Se poser régulièrement ensemble pour rêver plus grand est un moteur puissant pour le collectif.

C’est l’occasion d’évoquer les nouveautés, des idées enthousiasmantes, des envies à inscrire dans un “nuage des rêves” par exemple.

Et pourquoi pas l’afficher pour visualiser et garder en tête ce qui motive et soudera le groupe les prochains mois !

Ainsi, une réunion de 2h tous les deux mois permet de donner du temps aux idées nouvelles pour émerger et, le cas échéant, de réajuster ensemble la vision du projet pour qu’il reste aligné avec les envies du groupe.

Anticiper la gestion des conflits et tensions

D’expérience, les tensions sont inévitables au sein d’un groupe. En revanche, il est possible de prévoir un cadre pour pouvoir les désamorcer rapidement et éviter de laisser “moisir ses camemberts au placard” !

Plusieurs membres du collectif, un binôme à minima, peuvent devenir référents “respect du cadre” et se former en conséquence pour aider à la résolution des conflits.

Ces facilitateurs sont disponibles pour écouter les besoins des personnes concernées et aider à trouver un terrain d’entente, dans le respect du cadre.

Il est également possible de prévoir un processus en plusieurs étapes, qui inclut le recours à un médiateur indépendant, si le conflit persiste.

Faire tourner les rôles régulièrement

La concentration des rôles et des missions sur certains membres du collectif tend à provoquer le désengagement et la déresponsabilisation des autres membres. De ce fait, il peut être intéressant d’établir dès le début des rôles tournants, selon un rythme prévu par le cadre du collectif et dans la mesure du possible.

Par exemple, pour les rôles chargés de missions fondamentales du projet, on peut envisager un mandat d’un an (et pourquoi pas non renouvelable), avec une période de passation d’au moins 3 mois pour transmettre les connaissances au suivant.

La durée du mandat peut être plus courte (6 mois par exemple) pour des rôles plus faciles à prendre en main, ce qui présente aussi l’avantage de rassurer les nouveaux arrivants qui hésiteraient à prendre des responsabilités longues dès le début.

L’idéal étant de proposer une “élection sans candidat” pour chaque rôle, car c’est un processus qui permet d’impliquer une plus grande diversité de membres, et pas seulement ceux qui sont là depuis longtemps.

Faire le bilan calmement

Accorder du temps à l’évaluation, c’est s’assurer de pouvoir tirer les enseignements de nos expérimentations.

Célébrer les échecs permet de dédramatiser les éventuels “accrocs” et de transformer les déceptions en apprentissages : après chaque bilan, c’est la fête de la défaite !

Connaissance de soi et du groupe

Avancer dans la connaissance de soi permet de faire avancer le collectif et de désamorcer les conflits. Intégrer des routines humanistes et joyeuses, fluidifie la communication, qui peut être facilitée par une initiation globale à la communication non violente.

Nous avons tou.te.s besoin de reconnaissance, et nous avons tou.te.s des stratégies différentes pour remplir ce besoin.

Évoquer ensemble comment chaque individu fonctionne (besoins, ressentis, expériences) permet une meilleure compréhension d’autrui et réduit les tensions.

Définir ensemble les modalités de prises de décisions

Pour un collectif, qui décide quoi et quand est une question centrale. Certaines décisions doivent être prises par l’ensemble du collectif mais ce n’est peut-être pas toujours le cas. Il est important de poser les grandes lignes du processus décisionnel.

Ainsi, le collectif peut s’organiser en cellules pour mener à bien différentes missions spécifiques. Le rôle, la mission, les responsabilités de chacune des cellules sont définis par l’ensemble du collectif. Chaque cellule est ensuite autonome dans ses actions tant qu’elle vise à atteindre sa mission et qu’elle n’affecte pas d’autres cellules.

La décision par consentement, le budget participatif, les 6 chapeaux de Bono, l’élection sans candidat sont des outils soutenant la prise de décision collégiale. Ils aident à aborder un projet de différentes façons, à respecter les limites de chacun.e, responsabiliser les membres d’un collectif et rééquilibrer les dynamiques d’intérêts personnels et collectifs.

Selon nous, la communication et la création de liens entre les membres du collectif sont essentielles. Pour que cela soit sécurisant, le cadre est indispensable. Grâce à ces 10 clés, vous pouvez désormais partir sereinement à la découverte de cette aventure collective qui peut parfois sembler complexe, mais dont nous sommes toutes ressorties transformées.

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