Article #55 – Auteure : Aya
Cette semaine, c’est Aya, stagiaire pour la communication du Cocon, qui nous propose son rapport au féminisme. Vous aussi, décrivez votre lien au féminisme, et envoyez-nous vos textes pour apparaître dans le blog !
Le féminisme. Quel mot ! Je me demande parfois pourquoi il a dû être inventé.
Émancipation des femmes. Déconstruction du sexisme. Rétablissement de l’égalité entre hommes et femmes.
Pourquoi ces expressions existent-elles ? Pourquoi la femme a-t-elle besoin de s’émanciper ? Contre quoi la femme doit-elle se battre ?
Malheureusement, tous ces termes sont légitimes.
Dans l’histoire de l’humanité, la femme a souvent été placée comme un second rôle.
L’homme en aurait été le personnage principal, au centre de toute l’attention. Dans cette même histoire, l’homme et la femme se sont vus attribuer des caractéristiques pour les différencier, au-delà de leur sexe :
- un bon homme est fort, dur, protecteur, autoritaire; il est le mâle alpha, ne pleure pas. Il est intelligent et vif, et peut se charger des tâches plus difficiles.
- une bonne femme est douce, belle, attentive et attendrie, destinée au mariage, à faire des enfants et contrôlée par l’homme durant toute sa vie. Elle n’est pas capable de réaliser les activités et métiers des “hommes” voire totalement inapte à exercer quelconque métier.
Pourtant, la femme est forte, et elle a eu l’occasion de le démontrer. En vain. On a souvent fait taire son génie, car il bousculait l’ego des hommes. C’est ainsi que son rôle s’est naturellement mis en place dans notre belle société : une femme doit être belle et se taire. Une femme doit subir et ne rien faire. Une femme doit accomplir son devoir de mère.
Avait-on songé à ce qu’elle en pensait, la femme ? La réponse est évidente.
Elle n’avait le choix que de se ranger dans son rôle, car elle savait que l’homme lui avait ôté son pouvoir; qu’il l’avait mise en rivalité; qu’il lui avait cousu la bouche; qu’il l’avait menottée.
La femme a été prisonnière de l’homme pendant des années. Contrainte à remplir un rôle très restreint pour satisfaire l’ego de certains.
Mais est-ce toujours le cas ?
Certes, dès le XIXe siècle, certaines choses ont changé. Le monde a pris un nouveau tournant pour la femme : sa voix commençait à se faire entendre. Toujours partiellement, évidemment. Mais tout de même, c’était un commencement.
Ce même XIXe siècle où le terme féminisme fut inventé. La femme se développe petit à petit, puis l’ascension commence au XXe.
La femme se voit octroyer plus de droits. Désormais, elle peut travailler, voter, étudier !
Incroyable de se dire aujourd’hui que nous n’en avions pas le droit il y a quelques années.
De nos jours, l’évolution se veut fulgurante. Les femmes sont de plus en plus actives en société. Cela signerait-il la fin du patriarcat ?
Et non. Toujours pas.
La femme occupe toujours, dans l’inconscient collectif, une place prédéfinie. Dans des pays d’Asie, d’Afrique, d’Océanie, d’Amérique du Nord ou du Sud, ou même d’Europe. Personne n’est épargné par ces a priori constants sur la femme.
On fait toujours face à des femmes qui, elles-mêmes, participent à ce cliché. Des hommes qui s’amusent à blaguer sur la place de la femme. Une différenciation des sexes malgré les diplômes et compétences.
La femme continue d’être la gardienne de la maison et des enfants; elle reste rangée dans un même rôle, dont les hommes (ils) ne veulent pas l’en séparer.
Elle travaille, maintenant. Participe à la vie du pays, parfois. Étudie, souvent. Même si ce droit lui est refusé dans certains pays. Encore. Toujours.
Quand est-ce que cette stigmatisation s’arrêtera ?
A cette question, personne n’a la réponse.
Cette stigmatisation dure déjà depuis des siècles. Les femmes ont été tuées, bouches tues, mais têtues. Car les femmes ont peut-être été peu écoutées, mais elles n’ont pas abandonné. Elles ont réussi à obtenir des droits humains.
Imaginez-vous que le terme humain ait été autant masculinisé ? Que la femme n’en bénéficiait que peu ? Était-ce un être fait de chair et d’os ou était-elle un objet ?
Je pense que la femme était le prototype du robot ménager que nous connaissons aujourd’hui. Enfin, c’est ce à quoi la situation s’apparentait …
En y repensant, la femme était un objet émotif. Une cuillère en bois et des gants de cuisine en mains, la femme était résumée à ça. C’est triste. Et peu représentatif de son intelligence.
La femme est vue comme le sexe faible de par son côté sensible. Étonnant, lorsqu’on sait que la majorité des guerres ont été menées par des hommes. L’énervement n’est-il pas une émotion ?
Ah ! Pardon. J’ai oublié que l’énervement est l’émotion du fort. Car celui qui est dur en son for intérieur doit exprimer d’une certaine manière ce qu’il ne ressent pas, pardi !
Outre ces plaisanteries, les émotions du fort s’expriment. Mais la femme, force sans puissance, intelligence sans voix, sait une chose : le fort n’empiète jamais sur le faible. C’est le faible qui tentera d’intimider le fort.
Le faible a aujourd’hui pris le dessus. Mais il omettra, dans son histoire, de masculiniser en français, certains mots qu’il affectionne : puissance, force, intelligence. Pourtant, les hommes (ils) s’attribuent ces termes, les masculinisant dans leur aspect.
Il s’agit bien de LA force, LA puissance, et UNE intelligence. Des concepts féminisés dans la langue. Car sa base est celle de la femme forte, portant en elle la descendance, LA créativité et UNE imagination débordante.
La femme est LA battante. Car elle a dû se construire dans une guerre sociétale constante. Car elle a su tempérer jusqu’au jour où obtempérer est devenu trop.
C’est pour cela qu’il faut continuer le combat. Pour que la femme ait les mêmes opportunités, les mêmes salaires, les mêmes ambitions. Pour que les petites filles d’aujourd’hui deviennent des battantes, celles qui règnent au fond de leurs âmes. Pour que les femmes d’aujourd’hui comprennent qu’elles sont fortes, et qu’elles prennent confiance en elles.
C’est ça, le féminisme. C’est l’union des femmes et des hommes pour qu’il y ait consensus. C’est l’engagement des femmes et des hommes pour les droits de tous. C’est l’aide à l’émancipation des femmes, à la destruction du sexisme, au rétablissement de l’égalité entre les sexes.
Le féminisme, c’est la voie même de l’égalité. Le féminisme, c’est la voix de l’unité.
Car être féministe, c’est embarquer dans ce beau paquebot menant vers notre liberté.